Courrier des lecteurs
(questions, observations, critiques)
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Le concept d'auto-évolution
Question de Pierrick Bourrat (20
mai 2007)
pierrickbourrat42arobasehotmail.com
J'ai présenté à plusieurs
de mes enseignants le concept d'auto-évolution mentionné
dans votre blog Philoscience (http://philoscience.over-blog.com/article-1436394.html)
et repris dans votre livre Pour un matérialisme fort.
La plupart sont restés dubitatifs ou n'ont pas été
convaincus par la théorie, à cause semblerait-il
d'un manque de clarté dans les mécanismes expliquant
la possibilité d'un tel mécanisme ou d'un ensemble
de tels mécanismes.
Certains ont même parlé de créationnisme
ou de finalisme ...
Je souhaiterais que vous me donniez plus en
détail un ou deux exemples d'auto-évolution avec
si possible les références bibliographiques. Apparemment
l'exemple des plantes et du zinc n'a pas paru suffisant. Mes
interlocuteurs m'ont dit que l'adaptation observée relevait
de la plasticité phénotypique et qu'elle ne se
transmettait pas à la descendance. Lorsque la plante
avait besoin pour survivre de devenir résistante au zinc,
sa plasticité phénotypique le lui permettait.....
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Réponse de Jean-Paul Baquisast
Je comprends bien qu'à une époque où
les religions attaquent de toute part le darwinisme, tout ce qui pourrait
ressembler à la recherche d'arguments prouvant la fausseté
de cette théorie est suspect. Voyez par exemple la présentation
par G Kortho du livre (d'ailleurs largement dépassé au plan
de l'actualité des connaissances) d'un certain Lima de Faria
http://home.planet.nl/~gkorthof/kortho12.htm
montrant que cet auteur, tout en s'affirmant matérialiste, s'en
prend à Darwin et à la sélection naturelle sans arguments
sérieux.
Le concept d'auto-évolution pourrait donc à
juste titre être jugé dangereux par les évolutionnistes,
s'il était utilisé pour s'opposer directement au darwinisme.
Il est vrai aussi que la richesse des génomes permet aux organismes
de faire face à de nouvelles contraintes en puisant dans leurs
ressources génétiques sans avoir besoin d'attendre de nouvelles
mutations. Il s'agit d'un mécanisme de plasticité, pour
reprendre votre mot, illustré par le système immunitaire.
Si grand est le nombre et la variété des anticorps que,
confronté à un nouvel antigène, il se trouve généralement
dans l'organisme un anticorps capable de lui résister. Cet anticorps
précis peut alors se multiplier face à l'opportunité
qui lui est offert par l'infection, ce qui permet par contrecoup à
l'organisme de résister.
Ceci dit, en reprenant ce terme d'ailleurs consacré
d'auto-évolution, j'ai voulu montrer que l'on peut en faire un
concept global destiné à regrouper divers mécanismes
(encore mal étudiés, j'en conviens) qui peuvent conduire
les génomes à évoluer spontanément et produire
éventuellement des phénotypes mieux adaptés. Ceci
devrait notamment permettre de mieux comprendre ce que le darwinisme désigne
par le terme lui-même assez vague de mutations au hasard. Certaines
de ces mutations peuvent effectivement être totalement aléatoires,
comme celles résultant d'une irradiation. D'autres peuvent - si
j'ai bien compris les sources
citées dans l'article (voyez aussi à ce sujet un autre article
de notre revue Automates-intelligents - http://www.automatesintelligents.com/echanges/2005/jan/methodesbio.html)
provenir de transformations internes au génome à l'intérieur
d'un organisme particulier, qui peuvent provoquer des modifications adaptatives
favorables de la descendance. En ce cas, ces modifications s'exprimeraient
au sein d'un ensemble aux éléments interagissants constitué
par l'organisme mutant, l'espèce à laquelle il appartient
et surtout la "niche" environnementale (éconiche) que
l'espèce a construite en s'insérant dans ce milieu particulier.
On conçoit que les mécanismes provoquant
de telles transformations n'auront pas les mêmes effets adaptatifs
selon qu'ils se produisent chez une fourmi, par exemple ou chez un chimpanzé.
Le même mécanisme, dans un cas, produirait une modification
sans effets sur l'adaptation et dans l'autre une modification provoquant
des effets favorables, qui seront retenus par la descendance. Il me semble
par ailleurs, mais je suis prudent à cet égard, que le concept
d'auto-évolution soit seul à pouvoir expliquer l'apparition
des formes prébiotiques originales à partir de la matière
minérale. Ce serait seulement après l'apparition de ces
formes auto-évolutionnaires que la sélection darwinienne
aurait pu jouer. C'est une telle hypothèse, si j'ai bien compris,
que présente Lima de Faria, mais sans doute en lui donnant une
importance excessive. On pourra consulter sur ce point l'ouvrage de Gilbert
Chauvet, Comprendre l'organisation du vivant et son évolution vers
la conscience http://www.automatesintelligents.com/collection/chauvet1.html
L'auto-évolution me paraît donc être
un sujet ouvert, mais qui en aucun cas ne peut pour un matérialiste
permettre de réintroduire la finalité
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