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Collection DécohérenceS :

Sortie :Mars 2007

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Jean-Paul Baquiast - Pour un principe matérialiste fort -

ISBN : 978-2-916913-00-1

Présentation par l'auteur :

Le matérialisme est d’abord une conviction. Il consiste à croire que tout ce qui existe dans l’univers, jusqu’à l’homme, son esprit et sa conscience morale, résulte d’une évolution spontanée des composants matériels de l’univers. Les religions sont convaincues du contraire. Pour elles, rien de ce qui existe dans l’univers ne serait apparu sans l’intervention d’un Dieu tout puissant, situé hors de l’espace et du temps mais capable d’intervenir à tout moment dans notre monde pour y imposer sa volonté.

Le matérialisme s’appuie sur la raison et plus particulièrement sur la recherche scientifique expérimentale, pour qui l’énoncé d’une loi décrivant le monde doit être justifié par une démonstration objective que toute personne dotée de raison puisse refaire en tous temps et en tous lieux. Ceci n’est en rien contradictoire avec le fait que la science évoluant sans cesse propose constamment de nouvelles lois et de nouvelles expériences visant à les justifier. Les religions à l’opposé s’appuient sur l’affectivité qui est fondamentalement subjective et dont les grands ressorts évoluent peu au travers des lieux et des époques.

Tout naturellement, le matérialisme moderne est donc scientifique et la science moderne est donc matérialiste. Pourquoi serait-il alors nécessaire, comme nous voulons le faire dans ce livre, de réaffirmer le postulat matérialiste, voire d’en renforcer encore l’expression et les ambitions ?

C’est parce que la science qui a fait la force du matérialisme occidental est de plus en plus attaquée par les religions. Celles-ci ont toujours vu dans la science et dans le matérialisme des adversaires à combattre. Non seulement parce qu’ils peuvent mettre en échec leur messages spirituels mais surtout parce qu’ils leur disputent le pouvoir temporel, celui qu’elles exercent en ce bas monde sur les personnes et les institutions et qui leur rapporte influence, honneur et argent.

On aurait pu croire au cours du 20e siècle qu’un accord de neutralité réciproque s’était établi, mais on constate au début du 21e siècle qu’il n’en est rien. La science, aujourd’hui, malgré les apparences, accumule les succès. Elle transforme véritablement le monde. Les religions cherchent donc de plus en plus à la mettre à leur service, quitte à détourner son esprit. Si une religion prétend qu’elle utilise la méthode scientifique pour justifier ses affirmations, peu de gens dans le grand public, faute de temps et de compétences, pourront démontrer qu’il n’en est rien. La science et le matérialisme font donc l’objet de nombreuses tentatives de récupération devant lesquelles, fort légitimement, les scientifiques matérialistes résistent.

Ce faisant, la science et le matérialisme ravivent l’hostilité non seulement des religions mais des pouvoirs politiques (gouvernements, partis, organisations combattantes) qui veulent mobiliser les foules à leur service. Le monde contemporain voit en effet se multiplier les affrontements entre puissances grandes et petites pour qui tous les moyens de conquérir le soutien des populations sont bons. Comme les foules sont encore majoritairement croyantes, ces pouvoirs politiques veulent les empêcher d’écouter la science en expliquant que la science et le matérialisme sont non seulement dans l’erreur mais dans l’amoralité et le mal. Ainsi les contrevérités les plus évidentes propagées par ces pouvoirs politiques ne rencontreront plus de contradictions de la part des scientifiques.

Le matérialisme scientifique ainsi attaqué doit se défendre. Mais pour cela il ne lui suffit plus d’en appeler à la vieille rationalité scientifique dont les arguments ont fini par s’user. Il lui faut s’appuyer sur les développements les plus récents des sciences émergentes. Celles-ci, comme nous allons le montrer dans ce livre, ne sont pas réductrices. Elles éclairent d’une nouvelle clarté l’évolution du monde. Il s’agit toujours d’un monde sans Dieu, mais d’un monde où certains des attributs traditionnels du divin se retrouvent dans les formes les plus élaborées de la matière intelligente qui semble en cours d’apparition non seulement sur la Terre mais peut-être plus largement au sein de l’univers. Les nouvelles explications matérialistes peuvent légitimer la recherche du sacré et de l’amour qui a toujours caractérisé non seulement les hommes mais sans doute aussi beaucoup d’animaux. Il s’agit de traits évolutifs qui, au même titre que la capacité d’imaginer et de créer, ont permis jusqu’à présent à certaines espèces d’étendre leurs habitats bien au-delà des niches originelles.

Nous verrons qu’ainsi les nouvelles sciences et les nouvelles philosophies nous dessinent des paysages dont la splendeur et l’inspiration dépassent de beaucoup l’au-delà proposé par les religions. De nouvelles définitions de la vie, de l’homme, de l’intelligence et de la conscience sont en train d’apparaître. Sans nous éloigner de la nature, elles nous mettront mieux en phase avec ce qui est peut-être le ressort profond de l’évolution cosmologique.

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